Poussin et Louis XIV suite….
Dans les histoires qui relient Poussin à la France au XVIIe siècle, de Richelieu à Fénélon, une suite de méprises furent à l’origine d’appropriations fécondes. Il a fallu en quelque sorte déconstruire la création de Poussin pour qu’elle devienne une peinture française. Or la royauté, tant par ses institutions que par ses discours, est au cœur de ce travail qui fit de Poussin la gloire de la nation. Cette conférence souhaite montrer comment les multiples interactions autour de tableaux et de négociations autour de la figure d’un peintre transforment l’œuvre d’un artiste. En effet un cercle de collectionneurs dans la France de la Fronde, la monarchie absolutiste, l’histoire de l’art naissante ont fait du Poussin épris de la Rome antique un peintre français moderne. Le premier peintre du Roi, appelé à décorer la grande Galerie du Louvre, convoqué comme paradigme à l’Académie Royale est devenu à la fin du règne de Louis XIV un peintre de la sphère privée, janséniste par sa sécession avec l’Etat. Un artiste prêt à incarner l’esthétique de Gide et la grandeur de la République.
Olivier Bonfait, professeur d’histoire de l’art moderne à l’Université de Bourgogne, membre du Centre Georges Chevrier, est un spécialiste reconnu des XVIIe siècles français et italien. Il a organisé plusieurs expositions à Rome à la Villa Médicis (Autour de Poussin, Maestà di Roma). Dans ses nombreux textes sur Poussin, la théorie de l’art au XVIIe siècle et la peinture en Italie et à Paris publiés dans des revues savantes (L’Année sociologique ; Revue de l’Art ; The Burlington Magazine), ou des catalogues (Bellori ; Poussin et Moïse ; Peupler les cieux), mais aussi à travers la création de revues (Perspectives) il a cherché à élargir et renouveler les approches de l’histoire de l’art. Il a notamment publié : Après Caravage. Une peinture caravagesque ? (Hazan, 2012) et Poussin et Louis XIV, peinture et monarchie dans la France du Grand Siècle (Hazan, 2015).